Le dialogue Futur-Hezbollah sort la présidentielle de sa léthargie
Sandra NOUJEIM | OLJ
10/12/2014
Le statu quo qui avait figé la présidentielle a été ébranlé. Plusieurs facteurs semblent avoir produit un effet d'électrochoc chez les pôles chrétiens.
Le dialogue entre le Futur et le Hezbollah, prévu au début de l'année prochaine, avec l'accord tacite du Vatican d'accélérer le consensus autour de la présidence, aura servi d'épouvantail aux responsables politiques chrétiens. Les milieux aounistes, ainsi que les Kataëb, envisageraient désormais l'élargissement du dialogue. Ce dialogue, qualifié par certains de « nouveau Doha, moins le 7 Mai », ou de « Doha libanais », devra porter éventuellement sur les dossiers corollaires – comme la loi électorale – par lesquels un « marché » sur la présidentielle serait envisageable.
En outre, la volonté internationale d'exercer un forcing pour débloquer la présidentielle – une volonté affermie par un assouplissement iranien, du moins sur cette question – s'est concrétisée par la visite au Liban de Jean-François Girault, directeur du département Afrique du Nord et Moyen-Orient au Quai d'Orsay. Celui-ci a transmis « l'appui de la France à l'élection proche d'un président de la République » et appelé les parties à « tirer profit de l'ambiance positive chez certains États influents ».
La première avancée concrète de sa visite s'est manifestée hier à Rabieh, censée être l'étape-défi de la tournée du diplomate français et où l'émissaire de Moscou, Mikhaïl Bogdanov, avait eu avant lui des échanges peu fructueux. Le diplomate russe est d'ailleurs repassé par Beyrouth hier en soirée, sur son chemin vers Damas, et prévoit une nouvelle escale au Liban demain. L'entretien de M. Girault avec le chef du bloc du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun, en présence des députés Alain Aoun et Simon Abiramia a été suivi de la réunion de ce bloc, à l'issue de laquelle le général Aoun a fait une déclaration qui rompt avec son immobilisme des mois précédents. Dans une sorte de rétrospective politique, ou de « révision de la nature de nos rapports avec les différents partis et autorités politiques », il s'est posé comme « le vrai opposant », auquel toutes les parties, ou presque, s'opposent. C'est en réponse aux questions des journalistes qu'il a déclaré ensuite « vouloir négocier sur la République », et que « ceux qui souhaitent négocier avec nous sont les bienvenus ». Cette invitation à la négociation a inclus explicitement le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, « qui est le bienvenu à se rendre à Rabieh ». Celui-ci devrait lui répondre aujourd'hui, lors de sa conférence de presse qui fait suite habituellement à la séance électorale, qui sera la seizième aujourd'hui.
Le chef du Courant patriotique libre a néanmoins veillé à mettre l'accent sur le caractère « libanais de la présidentielle ».
Ce même souci de limiter la présidentielle aux frontières libanaises s'est dégagé de la déclaration du chef des Kataëb, l'ancien président Amine Gemayel, à l'issue de son entretien avec Jean-François Girault. Il s'est montré optimiste face aux « horizons positifs qui se présentent ». Il a insisté toutefois sur le fait que « si nous n'accomplissons pas notre devoir à l'intérieur, si nous ne nous unissons pas pour aboutir à un résultat efficace, tous les efforts en cours ne porteront pas ».
La visite de Jean-François Girault a inclus hier un entretien avec l'ancien président Michel Sleiman et le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, et s'est achevée sur une rencontre avec le responsable des affaires diplomatiques du Hezbollah, Ammar Moussaoui.
Cette visite est l'élément palpable de la dynamique en cours pour un consensus présidentiel, une dynamique renforcée par un étroit partenariat avec Bkerké. Alors que le patriarche maronite s'est déjà entretenu lundi avec le général Aoun, il doit se concerter aujourd'hui avec Amine Gemayel, qu'il a contacté hier, et incessamment avec Samir Geagea et Sleiman Frangié. Mgr Béchara Raï multiplie ses contacts, loin des médias, pour une entente sur un candidat consensuel.
Le patriarcat s'est-il finalement substitué aux politiques chrétiens ? « Nous ne pouvons le savoir encore », répond à L'Orient-Le Jour l'ancien ministre Kataëb Sélim Sayegh. Il confirme que « le Vatican a confié à Bkerké le dossier de la présidentielle, ce qui promet de revigorer son rôle ». Il valorise en même temps « la parfaite harmonie de nos positions avec celles du patriarche ». La candidature d'Amine Gemayel reste en tout cas une option envisageable, cette candidature étant « présente dans tous les couloirs de la diplomatie ». L'ancien ministre tente de dissimuler en outre l'angoisse chrétienne face au dialogue sunnito-chiite qui porte sur la présidentielle. « Même les Iraniens estiment que l'affaire de la présidentielle n'est pas exclusivement chrétienne, et que tout le peuple doit s'y associer, ce qui nous met face à une évolution intéressante », déclare-t-il.
Présent à la réunion Gemayel-Girault, Sélim Sayegh n'hésite pas à évoquer « un mandat international qui a été donné à la France pour la présidentielle, y compris par la Russie et l'Iran ». Il définit l'assouplissement iranien comme une « semi-ouverture », par laquelle la présidentielle libanaise serait « déliée des développements régionaux », ou du moins placée comme « le premier dossier à résoudre » au niveau régional. Il précise toutefois que « nous ne sommes pas encore au stade des négociations, ni de l'élaboration d'une feuille de route. Cette phase est celle du rapprochement ». Un rapprochement pour un consensus qui reste pour l'instant, selon lui, celui d'une « double négation : ni Aoun ni Geagea »...
http:// www.lorientlejour.com/ article/900228/ le-dialogue-futur-hezbollah -sort-la-presidentielle-de -sa-lethargie.html
Sandra NOUJEIM | OLJ
10/12/2014
Le statu quo qui avait figé la présidentielle a été ébranlé. Plusieurs facteurs semblent avoir produit un effet d'électrochoc chez les pôles chrétiens.
Le dialogue entre le Futur et le Hezbollah, prévu au début de l'année prochaine, avec l'accord tacite du Vatican d'accélérer le consensus autour de la présidence, aura servi d'épouvantail aux responsables politiques chrétiens. Les milieux aounistes, ainsi que les Kataëb, envisageraient désormais l'élargissement du dialogue. Ce dialogue, qualifié par certains de « nouveau Doha, moins le 7 Mai », ou de « Doha libanais », devra porter éventuellement sur les dossiers corollaires – comme la loi électorale – par lesquels un « marché » sur la présidentielle serait envisageable.
En outre, la volonté internationale d'exercer un forcing pour débloquer la présidentielle – une volonté affermie par un assouplissement iranien, du moins sur cette question – s'est concrétisée par la visite au Liban de Jean-François Girault, directeur du département Afrique du Nord et Moyen-Orient au Quai d'Orsay. Celui-ci a transmis « l'appui de la France à l'élection proche d'un président de la République » et appelé les parties à « tirer profit de l'ambiance positive chez certains États influents ».
La première avancée concrète de sa visite s'est manifestée hier à Rabieh, censée être l'étape-défi de la tournée du diplomate français et où l'émissaire de Moscou, Mikhaïl Bogdanov, avait eu avant lui des échanges peu fructueux. Le diplomate russe est d'ailleurs repassé par Beyrouth hier en soirée, sur son chemin vers Damas, et prévoit une nouvelle escale au Liban demain. L'entretien de M. Girault avec le chef du bloc du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun, en présence des députés Alain Aoun et Simon Abiramia a été suivi de la réunion de ce bloc, à l'issue de laquelle le général Aoun a fait une déclaration qui rompt avec son immobilisme des mois précédents. Dans une sorte de rétrospective politique, ou de « révision de la nature de nos rapports avec les différents partis et autorités politiques », il s'est posé comme « le vrai opposant », auquel toutes les parties, ou presque, s'opposent. C'est en réponse aux questions des journalistes qu'il a déclaré ensuite « vouloir négocier sur la République », et que « ceux qui souhaitent négocier avec nous sont les bienvenus ». Cette invitation à la négociation a inclus explicitement le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, « qui est le bienvenu à se rendre à Rabieh ». Celui-ci devrait lui répondre aujourd'hui, lors de sa conférence de presse qui fait suite habituellement à la séance électorale, qui sera la seizième aujourd'hui.
Le chef du Courant patriotique libre a néanmoins veillé à mettre l'accent sur le caractère « libanais de la présidentielle ».
Ce même souci de limiter la présidentielle aux frontières libanaises s'est dégagé de la déclaration du chef des Kataëb, l'ancien président Amine Gemayel, à l'issue de son entretien avec Jean-François Girault. Il s'est montré optimiste face aux « horizons positifs qui se présentent ». Il a insisté toutefois sur le fait que « si nous n'accomplissons pas notre devoir à l'intérieur, si nous ne nous unissons pas pour aboutir à un résultat efficace, tous les efforts en cours ne porteront pas ».
La visite de Jean-François Girault a inclus hier un entretien avec l'ancien président Michel Sleiman et le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, et s'est achevée sur une rencontre avec le responsable des affaires diplomatiques du Hezbollah, Ammar Moussaoui.
Cette visite est l'élément palpable de la dynamique en cours pour un consensus présidentiel, une dynamique renforcée par un étroit partenariat avec Bkerké. Alors que le patriarche maronite s'est déjà entretenu lundi avec le général Aoun, il doit se concerter aujourd'hui avec Amine Gemayel, qu'il a contacté hier, et incessamment avec Samir Geagea et Sleiman Frangié. Mgr Béchara Raï multiplie ses contacts, loin des médias, pour une entente sur un candidat consensuel.
Le patriarcat s'est-il finalement substitué aux politiques chrétiens ? « Nous ne pouvons le savoir encore », répond à L'Orient-Le Jour l'ancien ministre Kataëb Sélim Sayegh. Il confirme que « le Vatican a confié à Bkerké le dossier de la présidentielle, ce qui promet de revigorer son rôle ». Il valorise en même temps « la parfaite harmonie de nos positions avec celles du patriarche ». La candidature d'Amine Gemayel reste en tout cas une option envisageable, cette candidature étant « présente dans tous les couloirs de la diplomatie ». L'ancien ministre tente de dissimuler en outre l'angoisse chrétienne face au dialogue sunnito-chiite qui porte sur la présidentielle. « Même les Iraniens estiment que l'affaire de la présidentielle n'est pas exclusivement chrétienne, et que tout le peuple doit s'y associer, ce qui nous met face à une évolution intéressante », déclare-t-il.
Présent à la réunion Gemayel-Girault, Sélim Sayegh n'hésite pas à évoquer « un mandat international qui a été donné à la France pour la présidentielle, y compris par la Russie et l'Iran ». Il définit l'assouplissement iranien comme une « semi-ouverture », par laquelle la présidentielle libanaise serait « déliée des développements régionaux », ou du moins placée comme « le premier dossier à résoudre » au niveau régional. Il précise toutefois que « nous ne sommes pas encore au stade des négociations, ni de l'élaboration d'une feuille de route. Cette phase est celle du rapprochement ». Un rapprochement pour un consensus qui reste pour l'instant, selon lui, celui d'une « double négation : ni Aoun ni Geagea »...
http://
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire